Durant son séjour à Rouen il compose en juillet 1794 les paroles et la musique de :
LA COMPLAINTE DU TROUBADOUR
"Vous qui savez ce qu’on endure
Loin de l’objet de son amour
Oyez la piteuse aventure
D’un infortuné TROUBADOUR :
En butte à noire calomnie
Bien qu’innocent, est arrêté,
Il a perdu sa douce amie
Son talent et sa liberté
Le Troubadour, dès son enfance
Douces chansons d’amour chantait,
Et quand ce vint l’adolescence,
L’amour à son tour il faisait,
fut toujours heureux dans la vie
pourvu que sa belle il chantât,
Las ! chanter, aimer son amie
Sont ce là des crimes d’Etat ?
Quand il vit contre sa patrie
S’armer de méchants étrangers
Le TROUBADOUR quitta sa mie
Pour chanter chansons aux guerriers ;
Mais vieux troubadour par envie
Du juge a surpris l’équité,
Et la liberté fut ravie
A qui chantait la liberté
Loin de parents, loin de sa mie
Le TROUBADOUR toujours gémit ;
D’avoir chanté toute sa vie
Ne donne point force d’esprit
Cesse de lui porter envie,
Troubadour n’a plus son talent ;
Mais du moins rends lui son amie
S’il n’est chanteur, qu’il soit amant.
Plus ne revoir tant douce amie !
Plus d’elle n’entendre parler
Si du moins de sa main chérie
Un mot venait le consoler.
Mais hélas! Dans ce lieu d’alarmes
Messages d’amour n’est admis.
Faut-il priver de douces larmes
Qui toujours aima son pays